Le bien-être animal est particulièrement mis en lumière dans les élevages des territoires. Ce sujet fait d’ailleurs l’objet de plusieurs avis de l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments). Ensuite transmis à la Commission européenne, ils peuvent aboutir sur des propositions de loi. D’ici fin 2026, plusieurs propositions devraient voir le jour afin de faire évoluer la règlementation européenne à horizon 2028.
Un mot sur le lien entre agrivoltaïsme et bien-être animal
Le changement climatique a des conséquences directes sur le bien-être animal en exposant de manière croissante les animaux à des situations d’inconfort et de stress climatiques notamment en cas de températures extrêmes. Les éleveurs doivent faire face à cet enjeu et trouver des solutions d’adaptation face au changement climatique. L’agrivoltaïsme se doit d’apporter une réponse comme sont venus l’affirmer la loi ApER et son décret applicatif qui précise qu’un service doit être rendu à l’activité agricole. Quatre services sont mentionnés dont l’amélioration du bien-être animal. Cela nous montre la place centrale de ce dernier dans les projets d’agrivoltaïsme en élevage. Nous comprenons ainsi que sa modélisation et sa mesure sont des enjeux clés pour la filière agrivoltaïque.
Le bien-être animal : de quoi parle-t-on ?
Tout d’abord, il est nécessaire de définir la notion de bien-être animal. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) en propose une définition dans un avis rendu en février 2018. Il est défini comme « l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal ». Le bien-être animal est également défini par le respect des 5 libertés fondamentales des animaux :
- l’absence de faim, de soif, de malnutrition
- l’absence de peur et détresse
- l’absence de stress physique ou thermique
- l’absence de douleur, de lésions et de maladie
- la liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce
Le premier aspect à intégrer dans un projet dès la phase de design est de s’assurer que la technologie ne portera atteinte à aucune des libertés citées ci-dessus. Une vigilance particulière est nécessaire sur la hauteur des panneaux, l’absence de bords tranchants, la protection des câbles, etc. Les accessoires nécessaires aux besoins d’abreuvement et de nutrition doivent également être adaptées. IDELE (Institut de l’élevage) a compilé l’ensemble de ses recommandations dans un guide pratique consultable sur son site internet.
Une fois le parc en exploitation, l’effet le plus significatif de l’implantation de panneaux sur le bien-être animal semble être la réduction du stress thermique. C’est donc sur la mesure du confort thermique que la profession réalise actuellement des études et mesures. Il est important de noter que des travaux sont également réalisés afin de s’assurer que les projets agrivoltaïques n’ont pas d’effets négatifs sur les 4 autres libertés. Cet élément passe notamment par l’étude de la disponibilité fourragère et de la bonne pousse de l’herbe à la suite de l’implantation de panneaux.
Comment mesurer le stress thermique et son évolution dans un contexte agrivoltaïque ?
Les indicateurs pertinents pour mesurer le confort thermique
Pour évaluer le confort thermique des animaux et leur éventuelle exposition au stress, la mesure de la température ne suffit pas. En effet, en plein soleil ou en climat humide à température égale le confort de l’animal sera moins important qu’en contexte plus sec et ombragé.
Des indicateurs existent pour mesurer le confort thermique des animaux. Ces derniers ont dans un premier temps été utilisés dans le cadre des bâtiments d’élevage avant de s’appliquer aux animaux au pâturage.
Le THI et le HLI sont les deux principaux indicateurs pour mesurer le confort thermique des animaux. L’indicateur HLI, Heat Load Index ou indice de charge thermique en français apparait comme un indicateur pertinent dans le cadre de l’agrivoltaïsme. Cet indicateur permet d’analyser la température ressentie par l’animal. Il intègre la température de l’air et l’humidité ainsi que l’irradiance et la vitesse du vent.
Pour en savoir + sur le HLI et son application en agrivoltaïsme, découvrez nos travaux présentés à la conférence Agrivoltaics 2025.
Les modélisations et les expérimentations
Le HLI est calculé grâce aux paramètres climatiques, il est également possible de le modéliser grâce à des données climatiques simulées. Cette valeur est ensuite placée sur une échelle permettant de déterminer si l’animal est en situation de confort thermique, stress léger, stress modéré ou stress sévère.
Ce barème a fait l’objet d’études et de documentations scientifiques cependant une adaptation des valeurs seuils (déterminant le niveau de stress de l’animal) peut être nécessaire selon le contexte géographique, l’espèce concernée et le caractère agrivoltaïque du site.
Afin d’éprouver ce modèle et évaluer la pertinence des modélisations, des expérimentations sont en cours. A Albias, par exemple, nos équipes étudient l’impact des panneaux sur un troupeau d’ovins. En savoir +
L’instrumentation des sites
Afin de calculer les indicateurs pertinents pour le suivi du confort thermique, il est nécessaire d’installer des capteurs climatiques sur les sites.
Ces derniers permettent de remonter des données brutes qui seront agrégées, consolidées et mises en forme pour obtenir des indicateurs permettant d’évaluer l’évolution du bien-être animal et de la pousse de l’herbe dans le cadre d’un projet agrivoltaïque.
L’évaluation de l’impact de l’agrivoltaïsme sur le pâturage se traduit principalement comme nous l’avons vu par l’étude du confort thermique et de la disponibilité fourragère. Cependant, l’ensemble des libertés des animaux est à intégrer dans le suivi afin de s’assurer qu’il n’y a pas de dégradation de l’une d’elle. L’évaluation globale du bien-être animal et notamment du comportement des animaux se fait aujourd’hui par observation humaine du cheptel. Les enjeux sont désormais de développer un protocole et des outils permettant un suivi de l’ensemble des paramètres à l’échelle de plusieurs sites.